Les samples de « L’École du micro d’argent » dévoilés
« Si l’Unesco m’assigne en justice, je veux bien leur produire un album avec tous les samples que je leur ai piqués, par contre eux s’engagent à aller payer les pygmées, les moines japonais et les percussionnistes africains et argentins. »
Si l’on connaissait le goût d’Imhotep pour les musiques traditionnelles du monde, à l’image de son travail sur ses albums solos Blue Print et Kheper, il était encore impossible de déterminer précisément l’origine des boucles utilisées sur le morceau « L’École du Micro d’Argent ». Hymne emblématique du groupe IAM et réel point de départ de leur troisième album, souvent considéré comme le plus grand du rap français. Invité de l’émission Beatmakers sur Arte Radio, Imhotep, d’habitude avare sur ses secrets de fabrication, a lâché quelques indices de taille sur l’origine des samples. Il a utilisé l’un des nombreux disques-archives d’ethnomusicologie produit par l’UNESCO. Il restait à identifier ce disque parmi des centaines édités depuis les années 1960. Après une enquête de longue haleine façon Travolta dans Blow Out, voici enfin l’ingrédient dévoilé : il s’agit de la compilation Musical Sources / Sources musicales éditée en CD par Auvidis pour l’UNESCO en 1992.
Le producteur marseillais y sample les cloches et les chants d’un rituel tibétain interprété par les Lamas du Monastère Nyingmapa de Dehra Dun sur l’intro (à 1:16 sur l’extrait) et un duo de chants de gorges inuits du Canada au refrain (l’extrait est ralenti). La cloche et une autre voix (plus perceptible sur la version alternative « guerrière » du morceau) viennent quand à elles d’un chant liturgique bouddhiste interprété par la Secte Shingon du Japon présent sur ce même disque. Il reste cependant à trouver un autre élément majeur du morceau, les trompettes et les violons épiques, vraisemblablement issus de la musique classique occidentale et dont Imhotep lui-même avoue avoir oublié l’origine. L’enquête continue.